7.2.1672 Exécution du juriste Georg Obrecht à Strasbourg

[LUDWIG Philippe]

Bonjour,

Lu dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, l'éphéméride du 7 février :

1672 Exécution du juriste strasbourgeois Georg Ulrich Obrecht pour avoir publié un pamphlet contre le Magistrat.

Exécution de Georg Ulrich Obrecht (1616-1672)
Le 7 février 1672 est exécuté, à Strasbourg, le juriste Georg Obrecht, grande personnalité du milieu universitaire et politique. Issu d'une famille de juristes, d'universitaires et d'administrateurs (grand-père ammoniste et grand-oncle juriste), il participera activement toute sa vie au développement de la ville de Strasbourg, d'abord comme représentant au tribunal de l'Empire (Reichskammergericht) à Spire, puis comme procureur au Petit conseil de la ville. Il mène ainsi une brillante carrière.
Mais en 1671, au moment où la ville connaît, suite aux intrigues françaises et impériales, une certaine effervescence, Ulrich organise des "sociétés secrètes" parmi les étudiants. Ainsi, fervent partisan de l'empereur face au roi de France, Louis XIV, Georg Obrecht rédige des tracts anonymes, distribués et placardés de nuit, dénonçant en quatre langues (latin, allemand, français et italien) la municipalité en place et particulièrement l'ammeister, Dominique Dietrich. Il l'accuse à la fois de corruption dans une affaire de taxe pour corvées et d'être stipendié par la France. Or, depuis 1657, la publication de tels écrits est punie de mort par la législation municipale. La tête du rédacteur est mise à prix. Arrêté le 15 janvier 1672, il est condamné à mort pour calomnie et exécuté par le glaive le 7 février 1672. Cette exécution d'un personnage aussi important marquera profondément la population strasbourgeoise et suscitera un impact important dans l'opinion générale.
Mais son exécution ne met pas fin à la campagne de pamphlets. Par la suite des "feuilles volantes" le célèbrent un peu partout en Allemagne comme martyr de la cause impériale.
Son destin illustre le poids de la censure et du contrôle des magistrats sur les écrits liés à la politique dans les villes pourtant libres à cette époque. Réglant des comptes avec les membres du Magistrat qui ont mis à mort son père, son fils Ulric (1646-1701) se mettra au service de la France comme premier prêteur royal.
Bernard Vogler, L'Almanach de l'Alsace, p. 47.

Bien cordialement,
Philippe